Marion Rolland, porte-parole des saisonniers en colère

Le média du voyage durable apporte tout son soutien au cri de colère de Marion Rolland à l’adresse du gouvernement publié sur les réseaux sociaux et relayé par France bleu et France 3.

Pourquoi ? La réponse se trouve dans l’un de nos derniers articles : « Covid 19 : Plus de 500 000 saisonniers du tourisme pris en otages par le gouvernement », publié le 02 janvier dernier, avant que ledit gouvernement n’annonce le 6 janvier au soir que les remontées mécaniques n’ouvriraient pas le lendemain... (date prévisionnelle d’ouverture annoncée précédemment).

 

Qui est Marion Rolland ?

Originaire des Deux Alpes, championne du monde de descente en 2013, elle est aujourd’hui monitrice de ski à Courchevel.

Elle dénonce avec force et justesse les incohérences du gouvernement concernant les décisions relatives à l’ouverture des remontées mécaniques cet hiver – qui furent, au même moment, accessibles aux skieurs en Suisse, en Autriche, en Bulgarie, et en Catalogne pour les locaux pendant les vacances de Noël, faut-il le rappeler ?

Copyright photo : FFS

 

Que dit-elle ?

"Fille des montagnes, élevée en station de ski, championne du monde de descente en 2013, je me devais de prendre la parole en soutien à notre montagne qui meurt". 

"Vous êtes en train de tuer ma famille, vous êtes en train de tuer mes amis, vous êtes en train de tuer nos stations, vous êtes en train de tuer nos montagnes !"

"La vie ce n’est pas bloquer un pays tout entier pour protéger les plus vulnérables !

La vie ce n’est pas s’enfermer en attendant que l’orage passe !

La vie c’est la famille, les amis, le travail, les loisirs, réussir, se planter, recommencer et puis mourir un jour aussi !"

"Notre chiffre d'affaires se joue maintenant. Sur 4 à 5 mois de saison, pas sur 12. Laissez les gens prendre leurs décisions !"

"La vie ce n'est pas attendre tranquillement la mort, il faut prendre des risques".

"En tant que femme, je connais la mort depuis toute petite, j’ai perdu ma maman à 11 ans d’un cancer. Je ne me suis pas pour autant enfermée dans une bulle hermétique".

"Je me suis cassé 4 fois les ligaments des 2 genoux. Mais j’ai pris ma décision de continuer, en toute connaissance de cause et en sachant que le risque était toujours là".

"Et si seulement vous montriez l’exemple ?". "Lequel d’entre vous s’est montré solidaire des Français privés de travail, en baissant son très confortable salaire ? Lequel d’entre vous a abandonné l’un de ses privilèges ? Lequel d’entre vous, souvent dans les « critères de personnes à risque » se fera vacciner devant les caméras ?"

À propos des élus locaux : "Ce sont eux qui ont mis en place l’organisation sanitaire avec les stations de ski et les sociaux-professionnels en début d’hiver avant que vous balayiez tout cela d’un revers de manche".

Elle relève ensuite les incohérences consistant à fermer les télésièges, quand les transports publics, et certains supermarchés sont bondés, et à interdire le ski, une activité de plein air…

"Nous ne sommes ni inconscients ni complotistes", poursuit-t-elle, "Nous ne sommes pas demeurés, nous saurons mettre en place des gestes de protection appropriés. Nous ne sommes pas suicidaires, nous voulons juste vivre !"

Copyright photo : Jean-Pierre Lamic

 

Et aujourd’hui ?

Le monde de la montagne tout entier gronde, et se trouve suspendu aux décisions arbitraires d’un premier ministre jamais élu à d’autres fonctions que celles de Conseiller régional ou départemental – faut-il le rappeler !

Un haut-fonctionnaire issu de la droite, comme son prédécesseur et comme l’actuel ministre de l’économie (ou plutôt de leur sacrosainte macroéconomie en train d’exploser en plein vol…), qui semble bien éloigné des réalités du terrain !

Même Dominique Marcel, PDG de la Compagnie des Alpes, filiale de la Caisse de dépôt et de consignation qui exploite onze domaines skiables (les plus grands et lucratifs), nous dit le 8 janvier dernier « Si on n’ouvre pas en février, il faut regarder la réalité en face, la saison est terminée, des stations vont avoir de vrais problèmes d’existence », affirmation que nous partageons…

Pourtant, en juillet dernier, nous pouvions lire ceci : « Dans son plan de relance, le gouvernement confie un rôle majeur à la Caisse des dépôts et consignations, qui devrait investir 1,6 milliard d’euros dans la filière des loisirs (gérée par la compagnie des Alpes) ».

Une information révélée par Barnabé Binctin & Pierre Duquesne, journalistes au Monde diplomatique, agrémentée du commentaire suivant « Mais cette institution financière publique agit-elle toujours pour l’intérêt général ? L’évolution de l’une de ses principales filiales, la Compagnie des Alpes, permet d’en douter ».

Dans le même article, ils nous apprenaient que « Les actions du groupe ont dévissé, perdant la moitié de leur valeur en deux mois », tandis que son Président-Directeur Général Dominique Marcel faisait preuve, alors, d’une étonnante sérénité : « C’est un choc énorme, mais nous sommes bien armés pour faire face à cette crise majeure ».

Déclaration contrastant singulièrement avec celles du 8 janvier dernier…

Elles étaient alors justifiées ainsi : « La Caisse de dépôt et consignation a toujours joué son rôle d’actionnaire stratégique et a toujours soutenu notre développement, notamment au travers d’augmentations de capital. Nous savons que nous pouvons compter sur son appui dans la période que nous traversons ».

Il semble donc que la fermeture des remontées mécaniques n’avait pas été anticipées par le groupe.

Et que les pertes estimées à 150 millions d’euros pour l’année 2020 soient à l’origine de ce changement de ton dans le discours du PDG de la Compagnie des Alpes.

Pendant que ses actionnaires s’inquiètent de la baisse de la valeur de leurs actions, et des pertes enregistrées en 2020, ce sont près de 4 000 employés de cette structure sur 5 000 qui se retrouvent au chômage total ou partiel…

Ils rejoignent la cohorte des saisonniers ayant encore quelque droit aux ASSEDIC, et les autres laissés pour compte : hébergeurs, professionnels de la montagne, exclus de tout système d’aide à la perte d’emploi…, alors qu’ils contribuent d’ordinaire, par leur activité, à l’économie globale des stations de sports d’hiver !

Alors, merci à Marion Rolland d’avoir su médiatiser leurs souffrances, et surtout d’avoir rappelé leur existence !

Car à côté des professionnels de santé, des routiers, et autres corporations touchées de plein fouet par cette crise, il existe tous ces saisonniers et professionnels du tourisme qui se trouvent également en première ligne depuis mars dernier face à cette crise, et n’ont aucune lisibilité quant à leur avenir !

Certains ne savent même plus s’ils auront de quoi vivre en France et élever leurs enfants !

Mais d’eux, aucun média national ne parle…

Copyright photo : Jean-Pierre Lamic

≠Fermeture Remontees Mecaniques

≠SaisonniersEnColere

≠EmploisPrecaires

Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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