Tourisme « durable » : Stop à la prolifération des labels et au greenwashing

LABELLISATION : LE GRAND BAZAR

La foire aux vrais et faux labels, ou labels de complaisance, ainsi que celle des « awards » dans le domaine du tourisme dit durable est ouverte depuis assez longtemps déjà.

En 2012, Francetvinfo publiait un article sur le sujet, dans lequel on pouvait lire : « Vous les avez analysés, est-ce que c'est un réel progrès, est-ce qu'on peut s'y fier ? ».

« Difficile de donner une réponse claire parce que le problème de ces labels, c'est leur nombre. Pour certains spécialistes il y en a 12, pour d'autres jusqu'à 30. Autant vous dire que c'est un grand bazar.
Certains sont officiels, beaucoup sont de l'auto-labellisation"
 ».

Il semble évident aujourd’hui que la réponse aux questions posées par ce média est clairement NON.

En outre, ils rendent invisibles les initiatives véritablement intéressantes, tandis que les labels de complaisance ne se différencient pas, pour le consommateur, des démarches plus sérieuses.

Pour ma part, ce que je conteste principalement, ce sont les critères : jamais affichés, et souvent rédigés par les divers aspirants à la labellisation eux-mêmes de manière à pouvoir labelliser l’existant …

Aujourd’hui, cette foire aux labels devient intolérable par son aspect « marketing » allant totalement à l’encontre de la fonction première d’un label : informer le consommateur à propos de la qualité d’un produit jugé par des experts indépendants plus éco-responsable que ceux fabriqués de manière industrielle avec comme principes premiers : le moindre coût et la rentabilité.

Imaginez un seul instant un consommateur devant lire les critères de trente labels et certifications différents avant d’effectuer son choix !

C’est totalement ubuesque, et pourtant c’est ce qui prévaut aujourd’hui dans ce domaine.

Une récente démarche allant en ce sens a même édité un guide présentant l’ensemble de ceux-ci !

Nous la détaillerons plus avant ; cependant à l’évidence elle ne s’adresse pas au consommateur, mais plutôt aux aspirants et futurs labellisés… ; ceci afin d’alimenter un lucratif business.

 

Ci-dessous, la photo originelle, non recadrée... prise sur le chantier d'un groupe qui revendiquait l'éco-construction en 2010... ©Jean-Pierre Lamic

Le greenwashing ne montre que la surface verte d'un iceberg d'une autre nature...

Par conséquent, nous demandons aux pouvoirs publics de bien vouloir intervenir de manière à ce que la France, comme la Suède, la Suisse, le Danemark ou la Slovénie, dispose d’un unique label crédible établi par des experts n’en tirant pas de profit, ou comme l’Espagne d’un guide officiel spécifique, s’adressant aussi bien aux consommateurs locaux, aux étrangers visitant notre pays, qu’aux Français désireux d’utiliser les services de voyagistes nationaux.

Les démarches élaborées et les documents édités par ces pays, ne présentent rien d’autre que de véritables offres écotouristiques, ce que recherchent effectivement les voyageurs de plus en plus nombreux en quête de nature, de respect des cultures et de l’environnement.

En outre, nous demandons à ces mêmes pouvoirs publics de mettre fin aux labels de complaisance ayant pour unique vocation celle de labelliser des voyagistes dont la majorité n’applique pas les principes de base d’un tourisme pouvant être qualifié de durable, ni même de responsable.

LA FRANCE : CHAMPIONNE DU GREENWASHING

Monsieur Castex, fidèle à la tradition qui veut que la France soit la meilleure en toute chose…, a déclaré le 20 novembre 2021 à Amboise qu’il comptait « faire de l'Hexagone la première destination touristique mondiale durable d'ici 2030 », et de manière presque concomitante, qu’elle allait retrouver son leadership mondial en nombre de visiteurs par an (officiellement près de 90 millions de touristes internationaux en 2019) …

Personne n’a semble-t-il relevé la contradiction !

De plus, il ne nous a pas dit sur quels critères il allait se baser pour qualifier de « durable » le tourisme proposé dans notre pays ! Et depuis, il a quitté sa fonction, laissant à d’autres ces promesses déconnectées des réalités.

Aujourd’hui, la France est surtout championne du monde en greenwashing (verdissement) dans le domaine du tourisme dit « durable »…, et semble-t-il avec l’assentiment, voire la collaboration, de certaines institutions d’État.

Ce dernier point est insupportable pour les acteurs de terrain véritablement engagés pour proposer une offre éco-responsable, et ceux qui œuvrent à en expliquer les principes à un public réellement en demande d’informations désintéressées, notamment au sein d’associations n’étant pas en lien avec les concepteurs et la commercialisation de ces « labels », car il s’agit bien d’un commerce.

L’un des principaux objets de ces « labels », eu égard à leur coût est d’écarter les petites structures, les artisans du voyage, les guides ou accompagnateurs qui n’ont pas les moyens – et souvent aucune volonté – de se faire labelliser, puisque comme en Espagne dans les zones protégées, il est tout à fait évident que leur offre concentre tous les principes d’un tourisme vertueux.

Ainsi, en France, la plupart des véritables acteurs d’un tourisme éco-responsable ou « durable » ne disposent d’aucune lisibilité vis-à-vis du grand public, d’autant que l’achat des termes « durable - responsable, etc. » par les acteurs du greenwashing via le système des Google Ads oriente le consommateur vers ces derniers en premier lieu, comme diverses manipulations opérées sur Wikipedia.

Ainsi une association supposée promouvoir l’écotourisme a-t-elle servi uniquement à diriger le voyageur vers un site de vente de voyages durant quinze ans, tandis qu’une autre, prétendant « agir » pour le tourisme responsable, affiche TUI, des croisiéristes, ou de grands groupes hôteliers parmi ses membres.

Enfin celle censée regrouper les « acteurs du tourisme durable » n’impose aucun critère à respecter pour bénéficier de cet étiquetage… Une simple adhésion sans contreparties permet donc d’accéder à cette « famille » en pleine expansion…

©photo : Jean-Pierre Lamic - Messine

C’est pour cette raison d’ailleurs que V.V.E (Association des Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables), qui demande depuis toujours à ses adhérents de respecter une charte aux dix critères exigeants, l’a quittée en 2014, lorsque la nouvelle équipe dirigeante a clairement décidé d’accepter sans requis ni engagements préalables toute demande d’adhésion.

Ceci explique pourquoi en son sein, se retrouvent aussi bien des structures aux démarches sincères, que de purs acteurs du greenwashing.

La Revue Espace de Septembre 2022 intitulée « Tourisme durable : Oxymore ou horizon », introduit ce document en affirmant : l’expression est si galvaudée qu’elle en devient repoussoir.

Pour ensuite citer les organisateurs d’« awards » ayant pu promouvoir le croisiériste Ponant pour « l’élimination du fuel lourd remplacé par un combustible vertueux » (Lequel ? – croisiériste épinglé récemment par Reporterre ).

Non le GNL n’est pas si vertueux que l’affirme l’Association ATD !

Acteurs qui ont mis en avant au sein des Palmes du Tourisme durable de 2018 « MSC Croisières avec l'installation de filtres sur leur navires qui réduisent de 85% des émissions d'oxyde d'azote et 97% des oxydes de soufre (mais n’a rien modifié de ses parcours capables de faire le tour de la Méditerranée en 8 jours ; Salaün Holidays, pour la réduction de son empreinte carbone avec le reboisement des forêts bretonnes (2 000 arbres plantés !) ; Le Groupe Barrière pour son « challenge anti gaspi » et la sensibilisation de ses Chefs ».

Oui, effectivement la terminologie « tourisme durable » est bien galvaudée !

 

HISTOIRES DES LABELS…

2008 – 2011 : ECOCERT - V.V.E et TER_RES

En 2010, les Associations Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables (V.V.E), dont je suis le Président-fondateur et TER_RES, dirigée par Monsieur Alain Laurent, auteur de l ’ouvrage « Tourisme responsable, Clé d'entrée du développement territorial durable - Guide pour la réflexion et l'action », paru en avril 2009, furent contactées par Ecocert pour la création d’un « référentiel tourisme responsable », terminologie employée à l’époque.

Cette demande faisait suite au Forum National du Tourisme Responsable (FNTR) organisé par V.V.E, ayant réuni l’ensemble des acteurs identifiés (soixante-cinq) dans ce secteur d’activité, alors naissant.

Une stagiaire, engagée afin de répertorier les diverses initiatives de « labellisation » abouties ou en cours, identifia alors douze démarches dans un guide intitulé : « Le Tourisme durable  - Guide comparatif des chartes et labels du territoire français », édité en Novembre 2010, parmi lesquelles celle menée par ces deux associations avait été qualifiée de «  beaucoup plus exhaustive que les autres démarches présentées, valorisable par une certification tierce partie ».

Effectivement, ce référentiel était plus exhaustif que les autres démarches puisque son principe était d’avoir croisé tous leurs critères internationaux et nationaux, et d’avoir ensuite complété la grille ainsi établie là où il existait des manques.

Par exemple plusieurs labels concernant les hébergements ne prenaient pas en compte le lien avec leur territoire ou l’aspect social.

Suite à cette étude et ce constat, V.V.E et TER_RES furent invitées au siège d’Ecocert à Paris.

La question suivante leur fut posée : « Quel est le pourcentage de la programmation ou le nombre de réceptifs et territoires qui doit être évalué in situ pour certifier qu’un voyagiste qui programme des voyages ailleurs que sur son propre territoire peut être qualifié de responsable ? ».

À cette question piège, divers experts de V.V.E répondirent que labelliser un voyagiste n’avait pas de sens et que seule la labellisation d’un séjour ou d’une offre sur un territoire donné pouvait être intéressante. C’est donc depuis toujours la position de V.V.E à propos de ce sujet.

En effet, les Tour-opérateurs d’aventure aux trois-cents voyages sous-traitent à des agences réceptives ou des guides leur production auprès de centaines de prestataires qu’ils ne connaissent parfois pas ! Comment évaluer leur qualité sur le terrain ? Le coût d’une telle démarche serait évidemment exorbitant.

Labelliser un séjour, une offre, ou un voyage, est d’ailleurs le choix que firent les Parcs nationaux après une rencontre ayant eu lieu en 2011 entre V.V.E et Mme Chabanis, chargée de mission tourisme au sein de la Direction des Parcs, que nous connaissions pour l’avoir invitée au FNTR 2010.

Celle-ci constitue d’ailleurs l’unique démarche incluant de véritables évaluations de terrain, que j’ai pu tester, puisque deux de mes séjours ont été labellisés « Esprit Parc » (j’ai été sollicité en tant qu’ancien ambassadeur du Parc national de la Vanoise).

En outre, contrairement aux autres labels, celui-ci reste accessible aux petits opérateurs puisque son cout est de 50 euros.

Quant à Pascal Lluch (aujourd’hui décédé), à l’époque co-gérant de l’agence de trekking Hommes et montagnes, pionnière en la matière - disparue de nos jours, et vice-président de V.V.E, voici ce qu’il répondit le 30 septembre 2010 à la question posée par Ecocert :

Sa réponse s’avérait prémonitoire…, et d’une lucidité évidente.

« Qu'est-ce qu'ECOCERT ? À notre connaissance un organisme privé (agréé par l'État ?, de quelle manière ?) qui cherche des activités/filières économiques certifiables (à moindres frais) puis des clients de ces filières à qui vendre des certifications.

Ce n'est pas un organisme public qui dépense de l'argent public.

Pour ce que je sais du fromage bio, les contrôles sont très peu nombreux, inversement proportionnels aux coûts qu'ils induisent (souvent les kilomètres à faire par l'agent Ecocert).

Il faut avoir à l’esprit que toute idée-réflexion donnée à ECOCERT nous échappera dès lors totalement. Une valorisation de nos apports dès l’amont me parait indispensable.

Le financement de cette étude par ECOCERT matérialiserait un engagement réciproque, fondé sur le sérieux des acteurs. On ne peut envisager un transfert ou partage de savoir-faire sans contrepartie dès le démarrage du process.

Ce sont des gros TO qui auront le plus facilement les moyens de se payer cette certification (tous les membres d'ATR (Agir pour un Tourisme responsable) seront du jour au lendemain intéressés par le marquage ECOCERT, apposé à côté du tampon ATR dans leur brochure).

Il faut donc penser que le processus peut nous échapper très facilement.

La barre doit être placée suffisamment haut, c'est-à-dire qu'il est impératif que les complexités soient bien énoncées.

Il est dommage, mais compréhensible dans leur logique, qu'ils n'aient pas saisi l'entrée par l'approche territoriale proposée par Alain Laurent et V.V.E.

C'est peut-être à la fois la plus draconienne (exclusive), difficile à manipuler, et la moins visible (exploitables, nécessitant une éducation du public acheteur).

La certification devrait valider au moins autant un constat à l'instant T qu'une démarche de progrès dans laquelle s'inscrit un TO : mais si ceci est gérable à l'intérieur de V.V.E, comment faire dans le cadre d’une certification ECOCERT ?

Monsieur Alain Laurent, et moi-même partagions cet avis, il n’était pas pensable d’effectuer un transfert de nos savoir-faire sans contrepartie, entre autres financière, car notre démarche contrairement à la majorité ne consistait pas à vouloir mettre en avant nos adhérents-voyagistes, mais à créer un véritable référentiel universel, applicable à l’ensemble des structures : voyagistes-hébergeurs, Offices de tourisme, etc., dont la France avait et a toujours besoin…

N'oublions pas que Monsieur Alain Laurent, avait rédigé son ouvrage en lien direct avec les institutions de l’époque et à leur demande, et que le point de départ de ce travail s’était effectué le 9 juillet 2008, au Ministère des Affaires Étrangères et Européennes, en lien avec Monsieur Gilles Béville, son représentant, fondateur de l’ATES (Association pour le Tourisme Équitable et Solidaire) et membre de TER_RES.

 

ATR : 2008 – 2014 - COMMENT CERTAINS CRITÈRES TROMPENT SCIEMMENT LE CONSOMMATEUR

En 2008 toujours, eurent lieu deux événements importants, de manière quasi concomitante.

La parution de mon premier ouvrage « Tourisme durable : Utopie ou réalité ? » aux éditions l’Harmattan, et la semaine suivante le lancement de la certification ATR par l’AFNOR très vite rebaptisée « label » par cette association.

Or, j’avais suivi en interne sa conception, ce qui m’avait permis de donner déjà mon avis sur celle-ci dans cet ouvrage…

À savoir que le premier critère énoncé, parmi d’autres problèmes, ne respectait pas la législation française en matière d’accompagnement de trekkings (circuits itinérants en montagne) en permettant à des « guides » non diplômés, voire non formés d’encadrer de tels voyages.

Ci-contre photo d'une guide qualifiée et diplômée en Corse, gage de qualité dans le cadre d'un tourisme se voulant responsable - ©Photo : Jean-Pierre Lamic – Corse 2017

En outre il confortait la politique mise en place depuis 1997 par les agences d’aventure qui consistait à supprimer le binôme : accompagnateur diplômé – guide local, si important en matière de tourisme responsable ! (Club AventureHuwans aujourd’hui, initia cette politique en 1997. Les autres suivirent…, tandis qu’Hommes et montagnes qui ne se plia pas à cette politique disparut…).

Voici ce que disait le critère incriminé :

2.1 Une sélection de prestataires privilégiant les emplois locaux.

- Au moins 60% des voyageurs sont accompagnés par du personnel régional. Cet engagement est non applicable aux voyages non accompagnés.

- Au moins 60% des voyageurs sont pris en charge par des réceptifs dont 75 % du personnel sont d’origine régionale.

Ce critère recèle le piège dans lequel ses rédacteurs souhaitaient conduire un consommateur non averti.

En effet, celui-ci est incité à penser qu’employer du personnel local va dans le sens d’un tourisme plus responsable, or le binôme permettait des relations durables et de partage de connaissances, tout en garantissant un emploi stable au guide local, ainsi qu’à des hébergeurs et divers prestataires choisis par ce binôme. L’ensemble constituant un gage de qualité.

De plus, le terme « régional » n’avait pas non plus été choisi par hasard…

En 2011 « Que choisir »: publiait un article intitulé « Tourisme d’aventure : Sur la piste du profit », avec le préambule suivant :

« Les opérateurs du tourisme d'aventure alimentent les pages des journaux financiers en se faisant racheter les uns après les autres... Conséquences : des changements de cap qui ne vont pas tous forcément dans le sens d'un meilleur service au client »

Dans cet article, nous pouvions lire : « La tendance est en tout cas générale dans les groupes de Terres d'aventure à Allibert, tous réduisent le recours aux guides français diplômés « Le bénéfice de recourir au seul encadrement local est double : On paye moins cher et on n'est pas responsable si un problème survient ».

Ce que les accompagnateurs en montagne lui reprochaient surtout, en dehors du transfert des responsabilités opéré sur des agences locales situées parfois au bout du monde, c’est que bien qu’illégal au regard de la législation française qui impose un guide-accompagnateur diplômé dès lors que le circuit se déroule en montagne, il avait pu être certifié par l’AFNOR…

Ceci entraîna la création du Collectif COPRELS (Collectif pour un Encadrement Légal et Sécurisé) qui regroupa rapidement une centaine de membres, écrivit de nombreux courriers, dont un à l’organisme certificateur en mai 2014.

Le Collectif posait clairement cette question à l’AFNOR : Comment une telle aberration : certifier « Tourisme Responsable » des organismes qui ne respectent pas la législation en vigueur dans notre pays, et dévalorisent l’encadrement des voyages, est-elle possible ?

Et en 2015, bien qu’une dizaine d’opérateurs de voyages aventure avaient obtenu ce « label », nous apprenions « qu’ATR avait rénové la démarche en s’appuyant sur ECOCERT » …

Photo ci-contre ©Jean-Pierre Lamic – Santorin 2013

ATR et ECOCERT - DEPUIS 2015

Aujourd’hui, l’étude des critères pris en compte pour l’obtention de cette nouvelle certification, toujours appelée « label », nous montre que plus aucun engagement chiffré n’est pris, et qu’il ne s’agit que d’un catalogue de bonnes intentions de type « Échanger avec les prestataires sur les bonnes pratiques sociales et environnementales qu’ils pourraient adopter au niveau de leur structure ».

Informer, échanger, faire un bilan, voilà sur quels critères repose ce « label ».

En lisant ces derniers, on comprend mieux pourquoi l’on retrouve parmi les nouveaux organismes « labellisés » des Tour-opérateurs classiques commercialisant des séjours qui le sont tout autant, et ne montrent aucun progrès réalisé depuis 2004, date de création de l’Association, voire depuis beaucoup plus longtemps…

J’ai accompagné celui-ci… en 1985, il s’appelait déjà ainsi ! L’itinéraire n’a pas changé.

Il est présenté comme « hors sentiers battus » bien qu’incluant les visites d’Athènes, Corinthe, Epidaure, Nauplie, Mycènes, Olympie, Delphes, et le Cap Sounion, soit les lieux incontournables de tout circuit classique basé sur les visites des sites de la Grèce antique…

Quant à celui dans les Cyclades proposé par le même organisme, et toujours présenté comme étant « hors sentiers battus », il permet de visiter Santorin et Mykonos, c’est-à-dire les deux îles de l’archipel les plus fréquentées depuis plus de quarante ans.

D’autres voyagistes labellisés par ce processus affirment organiser des séjours solidaires à Madagascar, avec des groupes de quinze personnes, ce qui représente un nombre déjà bien trop important de voyageurs pour qu’une véritable rencontre visiteurs-visités puisse être possible.

Mais selon nos informations prises sur place, ledit voyagiste a demandé à ses prestataires d’agrandir les centres d’hébergement afin de pouvoir accueillir 20 personnes…

Depuis vingt ans, je m’oppose aux voyages en 8 jours / 6 jours sur place compilant les Îles Éoliennes (Sicile)et l’Etna, un véritable marathon…, polluant à souhait, par une multitude de transferts, notamment en bateaux rapides fonctionnant au fuel lourd.

Aujourd’hui il est toujours proposé par de nombreux membres d’ATR… Terres d’Aventure, Allibert, Nomade aventure (tous trois labellisés), etc. Quant à La Balaguère, elle a trouvé l’astuce… 7 jours / 6 nuits / 5 jours de marche, sans l’Etna… heureusement !

Qui, même non informé, peut croire un seul instant que ces circuits sont proposés par un voyagiste agissant dans le cadre d’un tourisme responsable ?

Par conséquent, comme il a été dit et expliqué précédemment, labelliser un voyagiste programmant des centaines de séjours et circuits à l’étranger constitue une parfaite hérésie.

 

LE LABEL TOURISME ÉQUITABLE de L’’ATES

L’ATES (Association pour le Tourisme Équitable et Solidaire) quant à elle, a longtemps travaillé sur un système de garantie collective issu d’un processus interne non validé par un organisme certificateur externe. En clair, il s’agissait d’une charte.

Il n'a pas fonctionné de manière satisfaisante et est remplacé aujourd’hui par « Le label Tourisme Équitable, basé sur plus de 50 critères (lesquels- quelles améliorations par rapport au système précédent ?) qui attestent des pratiques des opérateurs contrairement aux systèmes basés sur un simple engagement ».

« Ces critères sont contrôlés tous les 3 ans et le processus d’évaluation intègre une étude documentaire et un audit de terrain assurés par un auditeur indépendant (de quel type ?), missionné par l’ATES.

Notons qu’il est difficile d’en savoir plus… ; il semble, en outre, ne pas répondre aux exigences d’un label à savoir être validé par une tierce partie.

Depuis peu l’association labellise des offices de tourisme, voire un hôtel parisien…

 

 

SEVVE : LE SYSTÈME d’ÉVALUATION UNIVERSEL– V.V.E – 2018

Après la disparition de TER_RES, V.V.E se retrouvait seule avec un formidable travail effectué en amont pour établir un référentiel universel, qui ne trouvait pas de débouché…

Fin 2015, l’Association était sollicitée par un jeune Belge : Evan Lefèvre, étudiant en 3ème année de Bachelier de Tourisme Durable à la Haute Ecole Robert Schuman de Libramont (Belgique), et lui offrit un stage dans le cadre de ses études.

Celui-ci prit effet en février 2016.

Il lui fut proposé de reprendre le travail effectué avant 2010, de le compléter, et de composer un double système d’évaluations : l’un à destination des hébergeurs, l’autre de toute autre forme d’entité touristique en lien avec des territoires.

Concernant les hébergeurs, nous savions que la Région Rhône-Alpes avait établi un référentiel (avec de l’argent public), et qu’il avait été laissé à l’abandon ensuite, après le départ du chargé de mission de l’époque…

C’est Frédéric Desautel, gérant d’un centre écotouristique de l’Isère (l’Évasion au Naturel), qui ayant été évalué par ce système, a pu nous en fournir le résultat, et ainsi nous transmettre les critères…

Nous en avons intégré certains au référentiel ayant servi à la rédaction des commentaires d’Ecocert, avons croisé ces données avec l’existant, pour établir la liste définitive des critères qui serviraient pour évaluer les hébergeurs.

Nous fîmes de même à partir de tous les référentiels existant (à l’exception de celui d’ATR), pour établir les critères du système dédié aux autres entités.

Evan Lefèvre réalisa un travail remarquable ; il conçut pour chacun des deux systèmes, des tableaux organisant une notation, pondérée par des « bonus » ou des « malus », selon les avancées réalisées par les opérateurs sur certains points d’importance.

L’année 2017 fut consacrée aux tests in-situ.

C’est ainsi, qu’après avoir visité l’Évasion au naturel pour obtenir une notation de référence, je me rendis à Saint-Flour pour appliquer notre système « hébergeurs » au gîte Le Bon air, me rendis en Corse pour évaluer deux voyagistes membres de V.V.E, en Sardaigne pour expérimenter les séjours proposés par Sardaigne en liberté, et m’inscrivis comme écovolontaire pour participer à la mission basée sur l’observation des cétacés en Méditerranée de Cybelle Planète.

Le résultat fut probant, car les critères permettent bien d’évaluer l’existant sur le terrain, tout en proposant des pistes de progrès dans un ou plusieurs domaines, tant pour les hébergeurs que les autres structures.

C’est en décembre 2018 que l’annonce officielle du lancement de SEVVE, eut lieu, au cours du Salon international de l’écotourisme, du voyage solidaire et participatif.

« Depuis 10 ans V.V.E a croisé tous les critères des labels, certifications ou chartes existants (unique démarche allant en ce sens), et dégagé des points récurrents, mais également de nombreux manques.

À partir de ce travail mené en lien avec des scientifiques, l’Association a établi ces deux systèmes d'évaluation DE TERRAIN, appelés SEVVE© (Systèmes d'évaluation de l'écotourisme de V.V.E).

Car c'est bien sur les territoires que les effets visibles de la mise en tourisme se voient et s'évaluent.

La création de ces deux systèmes possède une dimension internationale, eu égard à la coopération réalisée avec l'école Robert Schuman de Belgique dans le cadre de leur élaboration ».

 

SEVVE 1 : Pour les territoires, agences, voyagistes ou croisiéristes

46 critères couvrant les domaines suivants : Administration et gestion - conception / production - agences sous-traitantes et guides - information délivrée aux clients - actions pour et par les communautés locales - hébergements.

Il s'agit du seul système universel, non établi pour mettre en valeur ses propres structures.

Il s’applique à toute entité touristique

 

SEVVE 2 : Pour tout type d'hébergement

66 critères relatifs à l'environnement et la construction de la structure, les aspects « social et économique », la gouvernance, et la relation au territoire.

Un système d'évaluation tel que SEVVE se différencie d'un label par le fait qu'il rend compte des avancées ou marges de progrès visibles sur le terrain...

Il ne permet pas de tromperies vis-à-vis du consommateur...

ATD – ADN : 2022 – GUIDE DES DÉMARCHES DE LABELLISATION POUR UN TOURISME RESPONSABLE

ATD (Acteurs du Tourisme Durable) est cette association créée en 2011 par des journalistes, invitée au FNTR 2012, qui passa sous contrôle de membres ou sympathisants d’ATR et de l’ATES à partir de 2014.

ADN est la Fédération nationale des organismes institutionnels de tourisme, créée le 11 mars 2020.

Ces deux associations ont édité un guide censé nous informer sur les différents labels existants, sans relever le fait que leur nombre et la qualité de certains constituent de véritables problèmes.

En outre, le bureau de l’association ATD étant composé de personnes impliquées dans la conception de certains de ces « labels » rend cette démarche assez étrange.

En effet, la présidente et le secrétaire ont tous deux été directeurs(e) de l’ATES, tandis que son actuelle directrice fait partie du nouveau Conseil d’administration de cette association.

Le secrétaire est en outre le Directeur d’ATR…, association qui ne regroupe que des voyagistes, la plupart de taille importante ; dont le « label » délivré par Ecocert est commenté ci-dessus.

Quant au trésorier, ex-président, il dirige depuis une dizaine d’années un cabinet de consulting et formation, directement lié à la thématique du tourisme durable !

S’agirait-il de « vendre » des labels et autres services sous couvert d’information ?

On peut juste noter que depuis 2020, le label ATES, initialement établi pour les voyagistes de l’Association s’est ouvert à toute structure, dont des offices de tourisme.

 

ET MAINTENANT LE LABEL GREEN DESTINATIONS !

Au moment de conclure sur le thème des labels dans le tourisme durable, nous parvient cette nouvelle !

Bagnoles de l’Orne (Orne), vient de se voir attribuer le label Green destinations !

Voilà bien le principe – que nous dénonçons - de ces labels mis en exergue !

Promouvoir certaines destinations en les labellisant quand d’autres assurément ont pu réaliser tout autant d’actions positives !

J’en connais plusieurs, dans les Cévennes notamment.

Pour que ce type de label ait un sens, il faudrait juste que toutes les destinations puissent être confrontées et classées par rapport aux réalisations concrètes de chacune d’elles.

Ce qui bien évidemment s’avère impossible à réaliser !

QUAND LE LABEL LUCIE LABELLISE UN ORGANISME QUI FAIT VOYAGER DES MEXICAINS AU JAPON !

L'absurde n'est plus très loin !

ET QU'EVANEOS OBTIENT LA CERTIFICATION B CORP

L'absurdité la plus totale est bien là !

Notons Qu'Evaneos était membre d'ATR il n'y a pas si longtemps !

 

CONCLUSION

La foire aux labels semble donc être fort profitable à diverses structures - privées, faut-il le rappeler ?

Si certaines associations du secteur se prétendent être « à but non lucratif », il semble bien que plusieurs de leurs membres puissent tirer un certain bénéfice de cette situation, notamment en combinant des postures de membres dirigeants avec des activités économiques personnelles en lien avec les objectifs desdites associations.

Il devient donc urgent de dire STOP à cette labellisation de complaisance qui agit à l’inverse de la raison d’être des labels : informer le public sur de véritables engagements.

Cet article sera suivi et accompagné de nombreux courriers adressés à diverses institutions.

Il devrait donc être complété dans un futur plus ou moins proche.

En fonction des réponses obtenues, Il se pourrait bien que le double système d’évaluation SEVVE serve prochainement à évaluer certaines structures labellisées, afin de pouvoir enfin dévoiler au grand public quelles sont les réels engagements de terrain des uns et des autres… ; résultats que bien évidemment nous publierons.

Avec plus de quarante années de présence sur le terrain de certains des membres de V.V.E, y compris de voyageurs membres du Conseil d’administration, l’Association est d’ailleurs en mesure d’évaluer assez rapidement la qualité de certains programmes grâce à sa parfaite connaissance des problématiques locales …

J’ai personnellement été pionnier sur de nombreuses destinations pour diverses agences d’aventure, et ai vécu plusieurs mois ou années au sein d’une dizaine d’entre elles…

En tant qu'unique système in-situ, prenant en compte l'aspect territorial, et unique démarche concernant directement l'écotourisme dans sa globalité, SEVVE a également vocation à devenir un outil au service de la toute jeune Association Nationale de l' Écotourisme et du Slow-Tourisme (ANEST).

 

NB : L’auteur de cet article est le Président-fondateur de l’Association des voyageurs et Voyagistes Éco-Responsables, dirigeant l’association bénévolement depuis 15 ans, accompagnateur en montagne et moniteur de ski, par ailleurs auteur et Membre de l’Association des journalistes et Écrivains pour la Nature et l’Écologie.

Depuis plus de 40n ans, il observe le monde...

≠TourismeDurable - ≠TourismeResponsable - ≠VoyageursVoyagistesEcoresponsables - ≠Greenwashing - ≠LabelTourismeDurable - ≠LabelTourismeEquitable - ≠LabelTourismeResponsable

 

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

« Tourisme durable – De l’utopie à la réalité », éditions Kalo taxidi, 2019 – pages 341 – 352

La Fédération suisse du tourisme (FST) est l’association faitière nationale du tourisme suisse.

Elle a été créée en 1932, sous forme d’association de droit public et sous le nom de «Schweizer Fremdenverkehrsverband».  Depuis 1991, elle se présente sous le nom de Fédération suisse du tourisme.

La FST est financée par les cotisations de ses membres et par des prestations à prix coûtant. Ses revenus financiers sont réinvestis dans l’intérêt de ses membres.

Suisse Tourisme (ST) est une entreprise de droit public qui agit sur mandat de la Confédération.

Cette entreprise a été fondée en 1917 en tant que « Office national suisse du tourisme » (ONST) pour la promotion des déplacements et des voyages. Depuis 1995, elle se nomme Suisse Tourisme (ST).

Label Slovénie :https://www.slovenia.info/fr/histoires/hebergement-chez-des-prestataires-ayant-le-label-slovenia-green

Plan à 1,9 milliard présenté par Jean Castex : https://www.francetvinfo.fr/economie/tourisme/tourisme-ce-qu-il-faut-retenir-du-plan-a-1-9-milliard-presente-par-jean-castex_4852293.html

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Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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