Tourisme régénératif : laisser un lieu en meilleur état qu’il a été trouvé

La terminologie Tourisme régénératif, encore totalement inconnue il y a peu, semble faire l’objet de toutes les attentions avec plusieurs articles sur le sujet parus coup sur coup.

Oui, mais voilà, ce concept très complexe pourrait bien subir les différents types de désinformation déjà appliqués aux autres terminologies composant le tourisme durable, et à cette dernière en particulier.

Tourmag et Futuroscopie le définissent ainsi :

« Le tourisme régénératif "consiste à permettre aux visiteurs d'avoir un impact positif sur la destination de vacances… aussi bien sur la biodiversité que sur les autochtones et l'économie locale ».

Une définition qui pourrait caractériser l’écotourisme dont l’une des composantes est effectivement le tourisme régénératif mais qui ne définit absolument pas les particularités très spécifiques du tourisme régénératif.

Selon l’un des plus éminents spécialistes du Mexique en lien avec les formateurs en tourisme régénératif, voici la définition qu’il conviendrait d’appliquer à ce terme, définition reprise par l’association Nationale de l’Écotourisme et du Slow-Tourisme :

 

« Il s’agit d’un concept adapté au tourisme par deux Chiliens : Martin Araneda et Carlos Briceño à partir d’une réflexion collective issue d’ouvrages publiés depuis 2006, dont ceux d’Anne Pollock, qui lui donne le pouvoir de « Laisser un lieu en meilleur état que nous l’avons trouvé ».

Il propose quatre axes principaux :

La compréhension des organisations vivantes avec une analyse de leur fonctionnement en termes d’identité, de vision, de culture et de pratiques ;

La création d’expériences touristiques uniques fondées sur la relation avec soi-même, les autres et la nature pour faciliter le process de régénération et de transformation du voyageur ;

Il s’inspire du biomimétisme et de bonnes pratiques durables ; 

Il permet de faire éclore la créativité et l’engagement des personnes au sein de leurs organisations pour retrouver leur identité et leur sens profond.

Cette composante du tourisme alternatif peut s’apparenter à une forme particulière de slow-tourisme ».

Cette définition montre la complexité du sujet, mais également qu’il agit de manière régénérative également sur les personnes qui le pratiquent à bon escient.

 

Le Média du voyage durable a interviewé une personne formée ayant obtenu la validation de sa formation, afin de pouvoir donner à ses lecteurs une image la plus proche possible de ce nouveau concept.

Le Média du voyage durable :

« Vous avez suivi la formation dispensée par Martin Araneda et Carlos Briceño, pouvez-vous nous expliquer en quoi celle-ci a consisté ».

Réponse : « Il existe deux formations sur ce sujet, dispensées en visio-conférences par sessions espacées de deux semaines environ, sur une durée de trois mois ; ceci pour donner le temps nécessaire à une réflexion approfondie à partir des enseignements formulés.

Pour ma part j’ai suivi celle intitulée « Introduction au tourisme régénératif », la seconde s’intitulant « Création des designs expériences.

Pour définir succinctement la formation reçue, disons qu’elle amène la personne à se poser des questions, notamment sur les changements de paradigmes nécessaires, à vivre le ressenti dans le moment présent, à s’interroger sur le cycle de vie, le vivant, etc.

C’est une approche holistique basée sur la réflexion ».

Le Média du voyage durable :

« Existe-t-il un lien avec la notion de bien-être ? ».

Réponse :« Oui, un lien est possible, mais le tourisme régénératif ce n’est pas passer deux heures dans la nature, c’est plus profond et plus large que la seule notion de bien-être.

Il inclut la connexion à la nature, à l’autre, la recherche des vraies valeurs, fait appel à l’architecture, au design, au biomimétisme ».

« Il s’agit également de s’interroger : Qu’offre-t-il ? quelle valorisation puis-je en retirer ? ».

Le Média du voyage durable :

« Concrètement, est-ce que par exemple la sylvothérapie s’y apparente ? ».

Réponse : « Il est difficile, voire impossible, de montrer ou d’indiquer des cas concrets.

Le tourisme régénératif s’apparente plus à un concept, même s’il en existe des applications ou exemples au Mexique, en Egypte, au Costa Rica, et si un projet pour sa mise en application semble en cours de réalisation en Colombie ».

Ci-dessous : ©Photo : Jean-Pierre Lamic  - Centre de tourisme régénératif à Ténérife - Yourtes - tentes en forme de lotus

 

Le Média du voyage durable : 

Notons que Manuel Miroglio, l’un des spécialistes au Mexique, cite la sylvothérapie comme étant l’une des techniques pouvant entrer dans le processus ».

Et que par ailleurs, le Centre de Formation des Accompagnateurs en Montagne (CFAM) propose une formation intitulée « Marche consciente, marche afghane, et sylvothérapie », et que des accompagnateurs diplômés enseignent donc déjà ces pratiques particulières à leurs clients.

La marche consciente et la marche afghane ont d’ailleurs été adaptées à l’écotourisme et remises au goût du jour par l’un d’entre eux : Danilo Zanin, auteur de deux ouvrages sur le sujet, dont le dernier a été publié quelques semaines avant qu’il nous quitte prématurément.

Ces pratiques constituent peut-être un premier pas vers une concrétisation d’offres en France se rapprochant du concept de tourisme régénératif, concept, qui, cependant, n’a pas vocation à donner lieu à des gammes complètes de voyages ou de séjours…

Au Mexique, l'offre la plus réputée est celle de Playa Viva sur la Côte pacifique, avec ses habitations atypiques et luxueuses , ses propositions de bien-être, son sanctuaire de protection des tortues marines, ses productions en permaculture liée à l'entretien et à la régénération des sols.

Manuel Miroglio, par ailleurs formateur en écotourisme a créé une expérience de tourisme régénératif au cœur d'un parc public à Leon (Guanajuato).

On le voit, les offres existantes nécessitent des spécialistes formés à différentes pratiques, et s'inscrivent directement dans le domaine plus large de 'écotourisme et du slow-tourisme.

Ci-dessous : Danilo Zanin qui a remis au goût du jour la marche afghane et créé le concept de marche consciente.

Merci Danilo !

 

Le Média du voyage durable pense qu’il existe un gros risque de récupération de cette notion par divers acteurs privés car il semble étrange qu’en quelques jours seulement, l’on assiste à la parution d’articles, alors que celle-ci demeure confidentielle, et peu mise en pratique ailleurs qu’en Amérique latine.

Alors attention ! Soyons précis.

Et vous les médias, consultants et journalistes non spécialisés, associations, n’en faites pas une nouvelle mode !

Ne dévoyez pas la notion avant même qu’elle n’ait pu montrer ses effets bénéfiques à ceux qui la pratiquent dans un environnement préservé, à sauvegarder, et si possible, à « Laisser en meilleur état qu’il a été trouvé ».

Comme c’est le cas pour les séjours d’écotourisme en général, ces pratiques requièrent un médiateur formé, attentif à en respecter les particularités…

Pour une meilleure compréhension du contexte dans lequel s'inscrit le tourisme régénératif, consultez cet article de Manuel Miroglio.

©Photos : Jean-Pierre Lamic - Danilo Zanin

 

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Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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