Covid19 - Bilan des vacances de février : bon pour quelques-uns, catastrophique pour la majorité

À peine terminées les vacances scolaires de février, certains médias reprenaient en cœur la même litanie pour qualifier leur bilan de « mitigé ».

Non, celui-ci n’est pas mitigé ! Pour l’immense majorité, il est catastrophique !

Ci-dessous, le Média du voyage durable va vous expliquer pourquoi.

Bien entendu, ces médias classiques ne considèrent qu’un unique critère : l’économique, vu sous le prisme de la macroéconomie, alors ils nous bombardent de chiffres : Ils reprennent d’ailleurs tous les mêmes données en changeant à peine l’enrobage…

« Le taux d’occupation des hébergements marchands des stations de l’Isère oscillent pour les quatre semaines des vacances de février 2021 autour de 30% à 50%, soit une baisse globale de –40% à –50% par rapport à 2020.
Au niveau national, le taux d’occupation moyen est de 32,8 % pour les quatre semaines de vacances, en baisse de 43,5 % par rapport à l’an passé avec de fortes disparités entre la moyenne montagne et les stations villages et les stations d’altitude (source : ANMSN).

L’Isère, le Vercors ou la Chartreuse affichent des baisses de fréquentation touristique de l’ordre de –20% quand le massif de l’Oisans avec ses stations de ski internationales déplore une perte bien plus importante de –60%.

Pour l’ensemble des entreprises touristiques du département, La perte de chiffre d’affaires de l’économie touristique iséroise de cette période est estimée à 200 millions d’euros.

Sur l’ensemble de la saison, avec la fermeture des remontées mécaniques, des bars-restaurants, des musées et de nombreux hébergements, ce sont 800 millions d’euros qui ont été perdus pour l‘ensemble des entreprises touristiques iséroises ».

Perdus pour qui ? Des entreprises iséroises, françaises, ou en majorité des structures internationales ?

Oui, il est possible d’affirmer que parmi les grands perdants de l’hiver 2020 – 2021 figurent bon nombre d’entreprises capitalistiques, cotées en bourse, dont la majeure partie des revenus et bénéfices ne restait ni en Isère, ni sur nos territoires de montagne !

Mais est-ce là le principal problème ?

Avant de lister les nombreux perdants, voyons qui sont les rares gagnants de cet hiver tronqué :

 

Vacances de février - un bon bilan pour :

  • Les gîtes et maisons d’hôte des zones de montagne

Ils s’en sortent bien puisqu’ils correspondent aux attentes du public : une offre d’hébergement privative pour eux-mêmes et leur famille.

Ainsi, les gîtes de l’Isère affichent un très bon taux d’occupation de 68% pour la période, en hausse de +7% par rapport à la moyenne des quatre dernières années.

Cependant, il convient de nuancer ce bilan au niveau national, car certaines maisons d’hôte des zones rurales n’ont pu recevoir du public eu égard aux restrictions concernant la confection des repas.

Des agences de voyage n’ont pu utiliser leurs services pour cette raison, et se sont vues obligées de transformer l’itinérance prévue initialement en sorties à la journée.

 

  • Les accompagnateurs en montagne et guides, indépendants de structures commerciales ou des ESF

Ils ont été largement sollicités pour diverses raisons : une météorologie clémente, le manque de matériel de location (raquettes et skis de randonnée) que certains incluent dans leurs prestations, le besoin de s’occuper en famille, etc.

Par conséquent pour cette petite catégorie de saisonniers, les vacances de février ont constitué une belle source de rentrée d’argent.

En revanche, pour les accompagnateurs en montagne liés à des structures de type ESF (Écoles de Ski Français), Club Med ou MMV, la saison a été catastrophique

Au sein des ESF, Ils ont parfois travaillé, sans être rémunérés, dans l’attente d’un bilan final pour la saison, et du versement d’honoraires dépendant directement des recettes de ladite structure, une fois déduites l’ensemble des charges annuelles…

Autant dire qu’ils ne peuvent en attendre qu’une misère. Celle-ci leur permettra-t-elle de cumuler les points et trimestres pour leur retraite ?

Ils n’en savent rien !

Quant à ceux, habituellement employés par des résidences de tourisme, qui demeurèrent fermées, ils ont dû trouver autre chose…, prévenus, comme à chaque fois au dernier moment…

  • Les loueurs de matériel de type raquettes, parets, ski de randonnée, ou VTT des neiges…

Voici une autre catégorie d’acteurs qui s’en tire plutôt bien ! Chacun comprendra aisément pourquoi !

 

  • Les organisateurs d’activités alternatives : chiens de traîneaux, luge, plongée sous glace, sculpture sur neige, chasse aux trésors, VTT électrique sur neige, sorties en motoneige, parapente, etc.

Certains ont véritablement profité de la fermeture des remontées mécaniques…

Notons qu’à l’heure attendue par beaucoup d’une transition du tourisme en montagne, certaines de ces activités telles que le vélo électrique sur neige ou les sorties en motoneige, n’ont rien apporté de positif pour aller en ce sens…

 

Une saison d’hiver catastrophique pour :

  • L’immense majorité des saisonniers

Pris en otage par les décisions gouvernementales annoncées en dernière minute.

Cela est révélé par le tableau ci-contre, provenant d’une étude établie par l’agence Savoie-Mont Blanc en début d’hiver montrant les freins pour la saison hivernale à venir.

Comment les saisonniers pouvaient-ils décider de venir en station ou de rester chez eux ? De prendre le risque de louer un logement, de payer des acomptes, ou de s’engager sur une quelconque durée de présence ?

Parmi les premiers impactés figurent évidemment les moniteurs de ski, qui, de plus, ont dû subir le blocage des aides de l’État au pire moment…

En effet, le gouvernement s’est aperçu a posteriori de l’immense bêtise ayant consisté à les indexer sur le chiffre d’affaire de 2019…

Quant on sait qu’une agence de voyages intègre dans celui-ci des sommes qui ne représentent aucun revenu ni bénéfice, juste l’encaissement des versements de ses clients avant le départ pour le règlement de leurs prestations de services à venir… ou qu’y figurent les achats de nourriture des restaurateurs ou des gérants de bars, on s’imagine aisément l’ampleur de la triche qui a pu résulter d’une telle erreur…

Fonds de solidarité : ces milliards d'euros (15) d'aides distribués aux entreprises sans contrôle

« Plus de 15 milliards d’euros ont été versés en un an à environ deux millions de petites et moyennes entreprises dont l’activité a été particulièrement touchée, voire totalement arrêtée, par les mesures sanitaires (confinement, couvre-feu, interdiction des rassemblements, fermeture des bars, restaurants, théâtres, boîtes de nuit… etc.). Des milliards versés en urgence par le gouvernement, mais dont certains ont abusivement profité depuis le mois de mars, comme le constate Le Canard Enchaîné, cette semaine ».

Évidemment, ce sont encore les saisonniers qui ont pâti en premier de l’arrêt brutal de ces aides, suite à la constatation de ces abus, notamment ceux effectués en novembre et décembre…

Certaines n’ont toujours pas été versées à l’heure où j’écris ces lignes…

À la mi-février, 15 % des dossiers déposés au titre du mois de décembre étaient toujours en attente de traitement…

 

  • Les bars et restaurants d’altitude, qui ont dû se décider : ouvrir ou ne pas ouvrir ?

Certains se sont résignés à jouer le jeu pour ne pas pénaliser leur station, mais dans quelles conditions ?

Comment servir des plats à emporter dans un environnement constitué uniquement de tas de neige ? Sans tables ni chaises sur les terrasses, puisque cela était interdit.

Alors, beaucoup ont installé des mange-debout !

S’il existait une pire solution pour lutter contre la propagation du virus, qu’on m’en informe !

Les gendarmes sont même montés dans toutes les stations pour faire retirer les rares tables dressées sur les terrasses…

Résultats : des dizaines de personnes sans masques réunis autour de deux ou trois mange-debout…

Quant au chiffre d’affaire, dans l’attente d’aides qui n’arrivaient pas, il n’a le plus souvent servi qu’à payer les murs et diverses charges…

  • Les hébergements et établissements qui ont dû rester fermer

Comme en décembre et en janvier, de nombreux hébergements ont renoncé à ouvrir du fait de l’impossibilité de proposer de la restauration.

Les hôtels et hébergements collectifs (centres et villages vacances) figurent donc également parmi les grands perdants de cette saison.

De même, de nombreux bars et restaurants des zones rurales, des stations balnéaires, ou des villes, ainsi que la restauration ambulante ont été contraints de fermer avec une restauration à emporter contrariée par le couvre-feu.

 

  • De nombreuses communes privées des revenus liés à la taxe de séjours et la taxe communale portant sur les recettes brutes provenant de la vente des titres de transport (remontées mécaniques).

Ce sont des services publics importants qui risquent de ne plus trouver de financements…

  • La faune sauvage

Comme annoncé dans cet article, cette saison d’hiver a été également catastrophique pour la faune sauvage, dérangée en permanence par des flux touristiques non maîtrisés aux abords des stations.

Jamais l’ouvrage de Sylvie Brunel « La planète disneylandisée – Pour un tourisme responsable, 2012 » ne s’est révélé plus exact et pertinent que durant ces vacances de février…

Tous les acteurs du tourisme hivernal vous le diront (mais comme personne ne leur demande jamais leur avis…), les publics accueillis cet hiver n’ont été ni informés, ni formés, ni orientés, ni encadrés suffisamment pour éviter les sur fréquentations et dérangements à la faune sauvage.

Le prochain recensement de l’avifaune nichant au sol : tétras-lyres, perdrix bartavelle et lagopède devrait également se révéler catastrophique…

 

  • Le tourisme durable

Contrairement à ce que d’aucuns – généralement des bobos s’étant positionné sur le « marché » du tourisme durable ­ n’ont cessé d’affirmer récemment, chiffres à l’appui (provenant de Booking.com…), cet hiver aura également été catastrophique pour le tourisme durable ou responsable !

En cause notamment : la durée des séjours qui s’est révélée être en forte diminution, contrairement à ce qu’un tourisme plus vertueux préconise : 57% de courts-séjours inférieurs à quatre nuitées, une durée moyenne de durée des séjours de quatre nuits.

La raison principale en est évidemment l’incertitude distillée par les médias.

Même si la clientèle a été française à 74 %, cela ne signifie pas que ce tourisme majoritairement national n’a pas entraîné de nombreux déplacements… Avec un nombre de trains en forte diminution, quand ils n’ont pas été tout bonnement supprimés, les émissions de CO2 n’ont pu baisser de manière significative.

Aurons-nous les chiffres un jour ?

  • La pandémie…, et le règlement de la crise actuelle…

L’ensemble des mesures prises par notre gouvernement pour soi-disant enrayer la crise durant ces vacances de février se sont révélées totalement inefficaces, et pire, contreproductives…

Nous l’avons vu, interdire les tables sur les terrasses des bars, espacées, avec un nombre limité de personnes pour chacune d’elles, comme c’est le cas en Espagne, par exemple, a constitué une grave erreur et permis le regroupement de personnes ailleurs.

 

Le couvre-feu à 18 heures s’est révélé tout autant contreproductif.

Il a généré la réunion des vacanciers de 16 à 18 heures sur les fronts de neige, et concentré les saisonniers dans les supermarchés après leur travail, de 17 heures à 17h50…, empêchant souvent ceux-ci d’effectuer des courses pour plusieurs jours et leur imposant de les faire chaque soir…

La limitation du nombre de personnes à cinq dans les groupes de raquettistes n’a pu être respectée d’aucune manière !

D’une part, parce que la majeure partie de la demande a émané de familles dont le nombre était supérieur à cinq…, et d’autre part, parce qu’un professionnel travaillant avec moins de cinq personnes perd de l’argent…, notamment au regard des aides accordées, quand elles le sont…

Donc comme beaucoup de mesures mises en place, celle-ci s’est avérée totalement absurde à l’usage.

En outre, pourquoi refuser à une famille composée de plus de cinq personnes de sortir se promener à l’air libre quand elle dîne et dort sous le même toit ?

 

Alors, dans ces conditions, comment s’étonner qu’en France, le nombre de cas est reparti à la hausse ?

Nos responsables ont réussi à perdre sur tous les tableaux : ils ont tué une partie de la microéconomie sur laquelle un tourisme plus durable devrait s’appuyer, n’ont pas enrayé l’épidémie, voire l’ont renforcée, et ont de ce fait jeté dans la précarité un nombre toujours plus important de saisonniers, à l’aube de la mise en œuvre d’une loi plus restrictive concernant l’assurance chômage…

Je n’ai pas inclus dans ce sombre tableau les gérants privés des remontées mécaniques ou les grosses résidences de tourisme, car eux, à n’en pas douter, s’en sortiront…

Déjà les aides de la région Auvergne-Rhône-Alpes pour une relance de l’activité touristique, excluent les « heureux » bénéficiaires du fonds de solidarité…

Quant au moral des Français, il se trouve lui aussi dans un état catastrophique…

Alors, en dépit de la crise, ils sont de plus en plus nombreux à partir changer d’air à l’étranger !

Ainsi l’Espagne a vu affluer à Madrid et Barcelone des centaines de milliers de jeunes français (plus de 250 000) fuyant le couvre-feu à 18 heures (23 heures en Espagne…).

Certains passent la frontière à pied la nuit pour éviter l’obligation de fournir des tests PCR…

Devant l’importance du problème, ces deux villes ont dû mobiliser leurs forces de police toutes les nuits afin d’empêcher fêtes illégales et rassemblements !

On vous en a parlé en France ?

C’est pourtant une conséquence directe de l’une de ces mesures absurdes…

Sera-t-elle sans importance ?...

≠SportsDhiverCovid19

Copyright photos : Jean-Pierre Lamic

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Voici le lien vers notre cagnotte en ligne

Et ici l’article qui vous en dit plus à ce sujet

 

 

Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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