L'aménagement du territoire : L'oublié des politiques publiques

C'était il y a 20 ans !

Des inondations meurtrières dévastaient le Gard.

Qu'est-ce qui a changé depuis ? Rien !

Les terminologies "aménagement du territoire" ou "planification" sont devenues ou bien des notions oubliées, ou pour la seconde, un vocabulaire rattaché à l'époque révolue du communisme à la sauce soviétique. Pourtant réaliser un aménagement d'un territoire cohérent devrait être un enjeu majeur de toute élection, qu'elle concerne une commune, une région ou tout un pays...

Or nos politiques préfèrent parler de l'insécurité due à l'immigration, plutôt que de celle qui tue régulièrement en raison d'un aménagement du territoire désastreux, voire inexistant, puisque laissé au bon vouloir des intérêts privés ou d'une corruption rampante mais bien présente depuis les lois de décentralisation établies à partir de1983.

©Photo Pixabay

En avril 1924, la commune sur laquelle se trouve mon chalet d'alpages a été frappée par de graves inondations.

Un lac souterrain gorgé d'eau par la fonte des neiges et des pluies diluviennes déborda et détruisit villages et prairies d'alpages quand l'élevage était souvent une ressource presque exclusive de la population.

Il existait déjà les RTM (Restauration des terrains de montagne).

La dernière communication à son propos de la part d'un gouvernement date de 2016...

C'est dire si ce service intéresse nos dirigeants actuels...

 

En 1924, à Sainte-Foy-Tarentaise, sous son égide, on employa une soixantaine d'ouvriers venus du Piémont, ce durant 15 ans, afin de drainer l'ensemble des pentes responsables de la catastrophe et de prévenir le débordement du ruisseau voisin avec une succession de retenues...

C'est ce qu'ont fait également les Espagnols sur les pentes du Teide (3 718 mètres), sous lesquelles vivent en toute sécurité (du moins tant qu'aucune éruption volcanique ne se déclenche), une population nombreuse qui est loin de se douter du travail effectué pour sa sécurité...

En contrebas, des terrasses centenaires, ont ainsi survécu aux affres du temps et des pluies intenses qui se déclenchent régulièrement dans l'archipel canarien...

©Jean-Pierre Lamic

 

Dans les Cévennes où je possède un terrain … inondable, et régulièrement inondé, on ne trouve rien de tout cela…, mais des terrasses écroulées laissant filer l’eau qui tombe au sol, des châtaigneraies centenaires à l’abandon, des terres fertiles ne laissant pousser que le pin planté là pour fournir des étais aux mines dorénavant abandonnées ou la ronce.

Pourtant les trois vallées principales qui sont régulièrement à l’origine des inondations atteignant ensuite Ales et Anduze sont bien moins longues, d’une altitude inférieure, et d’un accès pas plus compliqué que les pentes du Teide…

Le problème résulte donc bien d’une gouvernance inadaptée provenant d’un mode de gouvernance inlassablement pointé du doigt lors des États généraux de la transition du tourisme en montagne s’étant tenus l’an dernier à cette époque.

Car ce qui est vrai concernant le tourisme, l’est également pour les autres secteurs d’activité…

Alors ces inondations de 2002 ne devaient rien au hasard, et en 2020 nous avons revécu par deux fois des événements similaires, moins meurtriers, certes, mais tout autant dévastateurs.

 

Elles furent la résultante de plusieurs facteurs :

Un orage tournoyant durant près de trois jours sur le même secteur, le plus critique, celui des Gardons.

Le ruissellement intense qui n’est plus arrêté par l’étagement des terrasses, les zones de rétention en aval comblées ou bétonnées, les busards sous les routes sous-dimensionnés, avec l’un d’eux qui fut obstrué par une caravane, les lits de ces ruisseaux qui ne servent plus de carrières au bénéfice de carrières privées ( leur lit monte de niveau inexorablement – un mètre devant chez moi en 20 ans – 50 centimètres sur mon terrain depuis 2015), le mauvais entretien des rives, dévolu aux propriétaires puisque ces ruisseaux ne sont pas navigables, et enfin à tout cela s’est ajoutée la non destruction des barrages établis en juin pour créer des piscines naturelles devant les campings…

Évidemment lorsque le premier en amont a cédé, il a engendré une vague qui s’est amplifiée avec la rupture des autres en aval.

Une hauteur de 9 mètres d’eau a déferlé sur mon terrain situé au bord du Gardon de Mialet, telle un karcher géant, 12 mètres sur les rives du Gardon de Saint Jean, et en aval, ce fut le désastre jusqu’à Nîmes…

 

Lorsque je me rendis sur place quelques jours plus tard, une eau verte translucide m’accueillit devant chez moi après que j’eusse passé la nuit sur la route.

Entre Ales et Mialet, des voitures et des caravanes étaient perchées en haut des arbres, la route paraissait être une digue surélevée de plusieurs mètres…

À Ales, un parking « accueillait » des centaines de voitures cabossées de toutes parts, chacune portant un numéro.

Mon mazet n’avait plus de fenêtres ni de volets, la cheminée était obstruée par des branchages…

Lorsque j’appelai l’assureur qui avait autre chose à faire que de s’occuper de moi, on me dit « réparez vous-même, mais à l’identique ! Et on vous remboursera…

Comme pour la santé, ne croyez-vous pas que d’un point de vue économique, et de la sécurité de chacun…, il vaudrait mieux de la prévention ?

Si les Espagnols savent le faire sur des pentes bien plus raides, pourquoi en France rien n’avance sur ce point comme sur beaucoup d’autres ?

La gouvernance !

Et pour arranger le tout, la réforme des Régions sous Hollande, et les résultats des dernières élections, avec quatre tendances politiques qui ne se mettront jamais d’accord entre elles au sein des communes, des communautés de communes, des départements, et de ces régions inadaptées, nous promettent un surplace dont la France s’est faite la spécialiste en de nombreux domaines.

Il reste à croire en la jeunesse, et à son sens civique, encore faut-il qu’elle dispose de la compréhension de l’existant.

Puissent ces témoignages lui apporter un éclairage, car évidemment, ce n’est pas via la presse officielle qu’il se fera…

photos : Météo Languedoc - Jean-Pierre Lamic - Midi libre - Météo paris

≠AmenagementDuTerritoire

≠Gouvernance

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Et ici l’article qui vous en dit plus à ce sujet

Auteur : 
Jean-Pierre LAMIC

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