Préface
De Raphaël Bonenfant, accompagnateur en montagne dans les Hautes-Alpes, et Président du Syndicat National des Accompagnateurs en Montagne (SNAM).
Trente-cinq ans, c’est une vie.
Et c’est surtout une carrière entière de voyageur-accompagnateur, au service des populations locales que Jean-Pierre Lamic couche ici sur le papier.
Depuis la Corse jusqu’aux confins de l’Himalaya, de la Tunisie à Cuba, de l’Italie au Mali, les paysages changent, mais l’homme et ses valeurs se transportent d’un lieu à un autre.
Depuis plusieurs décennies déjà, on trouve sur les brochures et les sites Internet spécialisés, les mentions honorables d’« écotourisme », de « tourisme solidaire » ou encore de « tourisme éco-responsable ».
La naissance de ces mentions et leurs utilisations, parfois abusives, est précisément ce que raconte – et démonte – l’auteur dans ce nouvel ouvrage. Lui qui n’a connu son métier d’accompagnateur que dans le partage, la solidarité et les échanges, ne mâche pas ses mots lorsqu’il cite les voyagistes qui font désormais du tourisme de masse bon marché sans respect des législations en vigueur, mais sous l’étiquette « écotourisme ».
« Savoir exposer ses sentiments, et les raisons de ses choix est résolument positif, les assumer aussi ! » écrit-il… L’extrait de sa lettre de démission d’une grande agence de voyage, est un des moments forts de l’ouvrage, et les mots qu’il emploie devraient résonner fort au creux des oreilles de tout accompagnateur en montagne travaillant ici ou ailleurs.
Se battre pour ses valeurs, puis savoir partir ou arrêter lorsque celles-ci sont bafouées ; ne pas laisser s’installer des procédés professionnels comme l’abandon des accompagnateurs diplômés par les agences, au profit de jeunes sans diplôme et sans expérience, qu’ils soient locaux ou pas ; privilégier des hébergements et des modes de transports qui respectent l’homme et l’environnement ; consommer durable, payer au juste prix les prestataires… autant de valeurs que Jean-Pierre Lamic a vécues sur le terrain, avant de les défendre.
Alors oui, trente-cinq ans de voyages c’est une multitude d’anecdotes, d’éruptions volcaniques, de tsunamis, de crevaisons, de tempêtes de neige, avalanches, et d’autres déconvenues.
Mais c’est avant tout des milliers de rencontres, de leçons de vie partagées, accumulées, et qui laissent des traces irréversibles.
Le lecteur ne ressort pas indemne de cet ouvrage, il s’interroge… et notamment sur la notion de compensation territoriale, c’est-à-dire sur l’impact que nous laissons lorsque nous traversons à titre de loisirs ou professionnel, un territoire.
Quelle trace reste-t-il derrière nos pas ? et qu’avons-nous apporté de positif en échange aux vallées traversées et à leurs habitants ?
Jean-Pierre Lamic pose beaucoup de questions qui dérangent, et nous fait profiter largement de ses expériences pour répondre à certaines d’entre elles, et permettre ainsi à chacun de se faire son propre avis.
Pour aller au bout de ses convictions, il a fondé en en 2007 l’association VVE (Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables), la première association à regrouper les cinq principales composantes du tourisme responsable : voyageurs, voyagistes, guides, réceptifs et hébergeurs.
Il est également à l’origine du premier Salon International de l'écotourisme, du voyage solidaire et participatif qui aura lieu les 1er et 2 décembre 2018 à Grenoble.
Un homme engagé, militant, qui livre ici une version vécue et analysée de 35 ans de tourisme solidaire, et autant de graines à planter dans les futurs jardins de nos voyages.
Éd. Kalo Taxidi
15x23 cm.
19,90 €. Infos et commande sur jean-pierre-lamic.com
Ajouter un commentaire