L'Association des Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables est issue d'une longue histoire personnelle dont l'origine remonte à 1994.
Voici l’histoire de sa genèse : Un cas unique
1994 : Victime, comme beaucoup d’autres guides-accompagnateurs culturels, de l’une des conséquences de la Guerre du Golfe : la suppression des guides culturels représentant les agences de voyage, liée à la sous-traitance à des prestataires locaux, je décide de reprendre des études, après 14 ans passés sur le terrain en tant qu’accompagnateur aventure, puis guide culturel.
« Tourisme, Culture et Développement local » (de fait l’écotourisme) est l’intitulé de la maîtrise que j’entame à la Sorbonne Nouvelle.
Un projet professionnel étant obligatoire, je choisis de fonder l’Association de Tourisme, Loisirs, Activités Culturelles et Éducatives, déclarée en avril 1994.
Grégorie Tozetti, fille de l’une de ses meilleures amies, alors étudiante en langues étrangères, l’intègre. Nous partagerons ensuite une saison d’hiver à Tignes.
La loi de 1992, relative à l’organisation de voyages, m’empêche de disposer d’une licence, car les décrets d’application ne sont toujours pas parus…, les compétences viennent d’être transférées aux Régions, la nôtre n’en ayant pas été informée…
Les membres du bureau décident donc d’adhérer à l’ANCEF, avec pour lieu d’exercice Pralognan la Vanoise, au cœur du Parc National éponyme ; nous obtenons ainsi l’agrément tant convoité, et rejoignons le réseau pionnier de l’écotourisme en France, qui, à l’époque, regroupe une quarantaine de structures commercialisant des séjours en « tout compris » sur leur territoire, déjà établis autour des activités alternatives, notamment l’hiver
On y trouve des centres d’accueil comme l’Échaillon, la Burle, La Maison de Gaudissard, etc.
Au cours de l’hiver 94/95, je rencontre Fabrice Apère, alors accompagnateur à Tignes, spécialiste de la raquette à neige, et pionnier du trekking au Népal et du Ladakh (il travaille pour Allibert).
Nous fusionnons nos contacts clients, et proposons dès le printemps nos propres trekkings dans ces contrées, les raquettes à neige…, avec une bonne dizaine d’années d’avance sur la demande…, et même le surf de randonnée avec son fondateur à la Grave.
Je me lance ensuite dans la formation menant au diplôme d’accompagnateur en montagne, afin de pouvoir encadrer les sorties en raquettes et les randonnées estivales à Pralognan.
En 1997, j’obtiens ce diplôme et un Master Tourisme-relations interculturelles (le tourisme solidaire de l’époque), et quitte la France pour effectuer une longue reconnaissance de terrain à Cuba.
L’Association est dissoute. Ci-dessous : ©Photo : Jean-Pierre Lamic
En 1998, je propose les voyages créés suite à cette reconnaissance, à Atalante, et accompagne mon premier circuit dans l’Ouest cubain
En 1999, je suis envoyé par ce voyagiste en Équateur (à mes frais) où je réorganise les trois voyages présentés au catalogue et accompagne plusieurs circuits.
En 2000, je finalise la mise en brochure des deux voyages de 16 jours, de celui en 8 jours, et de ceux d’Équateur, et accompagne deux circuits, dont l’un avec la présence de la cheffe de produit Amérique.
À la fin de l’année, elle m’annonce que je n’accompagnerai plus de voyages à Cuba, car elle a confié leur organisation à un sous-traitant…, comme pour le Pérou, le Mexique, etc.
Trois années d’efforts et de dépenses personnelles, et cinq trimestres s’envolent pour cause de travail dissimulé.
J’impose cependant la présence de mon ami, guide local, avec lequel j’ai conçu les itinéraires et développé une grande complicité.
En outre, les nuitées prévues sous tente ne peuvent être organisées que par lui-même, car il est assermenté garde côte, se trouve être en lien avec les autorités militaires, et garde le matériel chez lui.
En 2004, l’agence m’envoie accompagner un groupe d’Espagnols à Saint-Domingue pour mes compétences linguistiques et ma connaissance des Antilles hispaniques.
Au moment où se créée ATR (Agir pour le Tourisme Responsable), ce circuit s’avère catastrophique en termes d’écoresponsabilité…
Je profite de cette opportunité pour retourner à Cuba, actualiser mes contacts et les tarifs des prestations (Cuba venait de créer une monnaie convertible : le CUC).
De retour en France, je négocie avec Atalante et Terra-Incognita - pour laquelle je venais de créer 17 voyages dans le cadre d’un partenariat avec Vulcania - le fait de pouvoir insérer en brochure un voyage exceptionnel, encadré par mes soins, avec seulement deux dates dans l’année.
J’obtiens gain de cause en 2005.
Cette année-là, Trek Mag publie un article vantant les mérites de la randonnée en liberté, concept initié par Chamina…
Je prends ma plume et démonte point par point les arguments du journaliste…
Je reçois un grand nombre de soutiens, dont celui de Jean-Pierre Frachon, guide de Haute montagne réputé et représentant d’Atalante en Auvergne, et de Jean-Michel Neveu -accompagnateur en montagne gérant de Pas à Pas, devenu membre à part entière de V.V.E dès sa création jusqu’à aujourd’hui.
La dynamique est lancée.
Fin 2005, le Directeur commercial me confie un poste de commercial nomade (en réponse à une demande formulée suite à un impérieux besoin de travailler…) , qui consiste à relancer tous les clients ayant effectué une demande sur l’une des destinations que je connais et les circuits que j’ai créés.
Parallèlement il instaure un système de commissionnement qui m’empêchera de percevoir un quelconque bénéfice pour ce travail, puisque les commerciaux employés à Lyon et à Paris préfèrent conserver pour eux-mêmes les demandes les plus lucratives, même s’ils ne connaissent rien à la destination….
Néanmoins, je capte l’attention d’une personne qui avait repéré mon voyage exceptionnel à Cuba, mais s’interrogeait sur le fait qu’il figure au sein de deux catalogues…
Lequel était-il susceptible de partir ?
Je parviens à constituer un groupe sur la base du programme de Terra-Incognita (aujourd’hui disparue), dont l’image et l’esprit correspondent beaucoup mieux à mon circuit.
En 2006, à force de voir tous les voyages que j’ai créés pour Atalante (trois à Cuba, comme en Équateur, trois en Sicile, deux en Grèce et Croatie, un en calabre, en Slovénie, et en Turquie, plusieurs séjours en raquettes à neige), être sous-traités, et parce que je n’accompagne plus que celui en Calabre (aucun calabrais ne parle français), je reprends mon ancien métier de moniteur de ski…
Au printemps 2006, le voyage exceptionnel à Cuba a lieu.
Je retrouve mon ami guide local, et choisissons d’utiliser les services d’un chauffeur hors-pair pour constituer un trio unique.
Au retour, Corinne, la cliente à l’origine de la constitution du groupe, devient vite une amie.
Je l’invite à passer quelques jours sur mon terrain des Cévennes durant l’été 2007…
Constatant conjointement que l’abandon des guides diplômés – concepteurs de nombreux circuits – la sous-traitance à des agences réceptives au moindre coût, et l’industrialisation du secteur, occasionnaient une très importante baisse de la qualité des circuits dits d’aventure, nous décidons, les pieds dans le Gardon, près de Saint-Jean-du-Gard, de créer l’Association des Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables (V.V.E)…
Mais pour ce faire, je dois être libre, j’adresse donc une lettre de démission expliquant à l’ensemble de mes collègues d’Atalante, quelles en sont les raisons (publiée intégralement dans l’un de mes ouvrages).
Je reçois encore une fois le soutien de plusieurs d’entre eux, dont celui d’un chef de produit qui m’apprend avoir posé lui aussi sa démission pour les mêmes raisons.
C’était le 30 octobre 2007… Et depuis plusieurs de ces anciens collègues ont adhéré à V.V.E…
Pour compléter le jeune bureau, je contacte Grégorie Tozetti, qui, depuis 1994 a vécu en Hollande et en Australie, elle accepte de représenter les employés du tourisme et devient trésorière.
J’en fais de même avec Fabrice Apère, qui a fondé Vercors Escapade, afin d’inclure le gérant d’un voyagiste à l’Association. Il accepte, et sera ensuite remplacé par Jean-Michel Neveu et Frédéric Certain.
Corinne, représente les voyageurs et moi les guides-accompagnateurs, éventuellement les moniteurs de ski (sans espoir), et les saisonniers de manière plus générale, pour constituer un réseau regroupant les cinq composantes de l’écotourisme.
V.V.E est donc une association de terrain qui se veut représentative d’un tourisme responsable issu des territoires, en lien avec les problématiques vécues par ces derniers, et avec les acteurs engagés au quotidien sur ceux-ci ! Bien loin des discussions de salon, et des conciliabules parisiens…
Née d’une constatation : le tourisme responsable ne peut promouvoir l’abandon des guides qualifiés, le moindre coût, la sous-traitance, l’industrialisation engendrant une standardisation des voyages et une moindre qualité pour le voyageur, V.V.E s’est toujours élevée contre le greenwashing…
Commencée avec quatre personnes, cette aventure se poursuit aujourd’hui en regroupant une vingtaine d’adhérents voyagistes, des hébergeurs, et près de 6 000 adhérents-voyageurs qui ont tous participé à un séjour ou voyage avec l’un de nos partenaires.
Son réseau s’est constitué à partir d’une déontologie, d’idées en commun, d’engagements de terrain, véritables et vérifiables, déclinés par la ©Charte des voyageurs éco-responsables, et la ©charte des voyagistes éco-responsables.
Des principes qui n’ont nul besoin de Label, puisqu’ils sont appliqués aux actions de ses membres.
Mais V.V.E c’est aussi avant tout une Association entièrement indépendante.
Aucun organisme extérieur lié à un quelconque intérêt économique ne figure au Conseil d’administration, au sein duquel se trouvent toujours ses membres fondateurs après 16 années de bénévolat.
Les Voyagistes et hébergeurs sont consultés régulièrement et leur avis est primordial, mais aucun d’entre eux n’a de pouvoir de décision pour orienter ou influencer le fonctionnement de l’Association et y trouver un bénéfice direct.
V.V.E a été créée pour le bien de tous ses membres, et fonctionne de manière entièrement bénévole depuis le premier jour… Son indépendance est donc totale, tant sur le plan des idées, que de son fonctionnement et de son financement réalisé uniquement grâce aux adhésions.
Une liberté qui a un coût : V.V.E dérange ceux qui ont fait du tourisme responsable ou durable un business.
Mais avec les outils d’aujourd’hui, l’Association se donne petit à petit les moyens de renforcer le seul réseau de l’écotourisme, du voyage solidaire et participatif existant en France, en lien avec l’Association Nationale de l’Écotourisme et du Slow-Tourisme, et son réseau de partenaires en France et à l’étranger.
Et à ce jour, elle est toujours l’unique Association représentant les voyageurs éco-responsables !
http://www.vve-ecotourisme.com/association
Contact : Jean-Pierre Lamic – jplamic@voyages-eco-responsables.org
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