Alors que les petits soldats du journalisme l’affirment haut et fort depuis des mois, « oui le tourisme d’avant est mort », « le tourisme responsable, c’est l’avenir », voici un tour d’horizon de ce qui se passe chez les croisiéristes, principaux acteurs du surtourisme en Méditerranée, au cœur des plus belles villes du monde, et même ailleurs, jusque dans les recoins de certains fjords d’Islande ou de Norvège, voire en Antarctique...
Costa Croisières
Sponsor et candidat aux « Palmes du tourisme durable » 2018, et présenté par Tourmag en cette occasion, le croisiériste affiche sur son site le discours suivant :
« Tout en travaillant à la reprise de nos navires prévue à partir du 1er mai 2021, nous vous proposons une mer de lieux qui n'attendent que d'être explorés en 2022 et 2023. Plus d'îles, plus de villes, plus de pays à visiter »…
Oui, nous sommes très éloignés des beaux discours repris par Tourmag et d’autres : « Pour Costa croisières, le développement durable est inscrit dans son ADN »…
MSC
Voici ce qu’affiche le site de MSC :
« Nous sommes convaincus que, dans les semaines à venir, nous serons en mesure d'enrichir certains de ces itinéraires et d'ajouter d'autres navires, d'autres ports et de nouvelles destinations. Nous vous invitons à visiter régulièrement notre site Internet pour les dernières mises à jour ».
Pour ceux qui ne connaissent pas ce croisiériste : il se présente ainsi :
« MSC Croisières est la plus grande compagnie de croisière privée au monde et leader mondial du marché en Europe, Amérique du Sud et Afrique du Sud.
La société, a profité d'une croissance de 800% depuis 2004, a transporté 2.4 millions de croisiéristes en 2018 »…
Sur son site, vous pouvez vous informer sur ses « commandants », mais pas sur la nationalité des marins et membres d’équipage…, dommage, nous, on aurait aimé savoir…
TUI :
Le géant allemand nous dit :
« Les croisières sont peut-être la plus belle façon de découvrir le monde et le meilleur : votre hôtel voyage toujours avec vous. TUI Cruises vous offre une variété de croisières vers les plus belles destinations du monde »…
Bon, moi j’ai une bien meilleure façon de découvrir le monde : « à pied », et si mon hôtel ne voyage pas avec moi, je voyage avec les habitants, et ça, ça n’a pas de prix…, enfin pour moi, car pour ces derniers, il s’agit d’une source de revenus.
Aujourd’hui TUI a ancré trois bateaux au large des côtes de Tenerife, histoire de ne pas payer de charges portuaires.
Depuis peu, la compagnie allemande s’en sert d’hôtel, illumine ses ponts et cabines la nuit, fait tourner ses groupes électrogènes, envoie ses volutes de fumée dans l’atmosphère, tandis que plus de 100 hôtels sont à vendre rien qu’à Tenerife, qu’un tiers des bars et restaurants au moins ont fermé, non pas par décision administrative, mais par manque de clients.
L’Association ATR (Agir pour un Tourisme Responsable), affiche pourtant toujours ce voyagiste -croisiériste parmi ses membres…
Depuis une quinzaine d’années le discours officiel de cette association, ses représentants, et soutiens, est celui-ci « Il s’agit d’inciter nos voyagistes à progresser »…
Bon, en se fixant 2050 comme échéance, peut-être aurez-vous la chance d’en voir les effets…
Pour l’heure, rien ne change…, le jour d’après, il est encore très loin…
Pour le démontrer, l’État allemand a octroyé la bagatelle de 4,8 milliards d’Euros d’aides depuis un an, étalés sur trois plans de sauvetage et est entré au capital de l’entreprise, présentée comme le leader mondial du voyage. Celui-ci affiche en 2020 des pertes colossales de 3,1 milliards d’Euros…
Oui, nous sommes aux antipodes d’un tourisme responsable, quant au durable… !
AIDA
La présentation que la compagnie affiche est celle-ci :
« Aida est une compagnie de croisières allemande du groupe Carnival, leader mondial dans le secteur des croisières (un autre…).
La langue à bord est l'allemand. La gastronomie, les horaires et les animations sont orientés vers une clientèle essentiellement allemande.
AIDA réalise des croisières dans le monde entier, en Méditerranée, Europe du Nord, à Dubai, dans l’Atlantique, les îles Canaries et les Caraïbes »...
La compagnie possède une flotte de 15 bateaux et propose 380 itinéraires différents…
Voici un programme pour 2022 : 118 jours de croisière pour un tour du monde au départ de Hambours : à partir de 13 495 euros/ pers…
Pour la petite histoire, les 3 autres bateaux ancrés actuellement au large de Santa Cruz de Tenerife appartiennent à cette compagnie…
Ce sont plus de 30 000 lits, avec ceux de TUI, qui attendent des touristes allemands prêts à déferler de nouveau dans les moindres recoins de l’île.
Combien d’autocars climatisés vont-ils envahir de nouveau les routes étroites et escarpées des accès au Teide, à la péninsule d’Anaga, ou à la région de Nazca ?
Ci-dessus la baie de Santa Cruz de Teneife depuis le début de la crise de la Covid19
PONANT
Voici un autre sponsor-candidat aux « Palmes du tourisme durable », et certainement l’un des rares à avoir été également promu lauréat « sous les ors de la République »…, et en présence de notre secrétaire d’État au tourisme qui n’a jamais voyagé si ce n’est avec des militaires…
L’une des raisons qui a motivé l’organisation des Trophées du voyage durable…
Le croisiériste se présente comme suit :
« Fondée en 1988, PONANT s’impose aujourd’hui comme la référence d'un nouveau style de croisières de luxe ».
Il est certain que cette compagnie offre certains avantages, mais à quel prix !
Quant à associer luxe extrême et tourisme responsable, il faut oser…
À moins de remplacer les discours « bateaux… » par le détail de la construction de TOUS les éléments composant ses navires, la provenance de TOUS les mets servis dans ses restaurants, l’organisation du recyclage de TOUS les déchets générés à bord, qui, comme chacun sait ont tendance à augmenter avec l’étiquette « luxe », l’origine de TOUS les produits vendus dans ses boutiques, etc.
Concernant les programmes, certains laissent perplexe qui connait bien ces destinations pour y avoir accompagné des voyages… à pied, pour un coût moyen de 1 200 euros par personne (base 6 participants…) la semaine.
Avec au menu, les plats grecs proposés par d’innombrables tavernes situées en bord de mer…
Où se trouve le véritable « luxe » ?
Conclusion
Effectivement, on comprend mieux pourquoi ils sont nombreux à vouloir nous faire croire, ou plutôt, vous convaincre, que le voyage « responsable » doit être plus cher !
En outre, on le constate aisément, un simple tour d’horizon des catalogues des croisiéristes nous le montre : ils n’ont toujours rien compris au ras-le-bol des voyageurs et résidents concernant leur approche touristique, leur désintérêt total à l’encontre des populations locales et des retombées économiques induites par leur activité, et le surtourisme qu’ils génèrent partout où ils opèrent…
Alors, d’ici à 2050, nous avons le temps de voir venir de beaux articles, purs produits du greenwashing, que d’aucuns se feront un plaisir de relayer afin de remplir leur tiroir-caisse…
La plupart revendiquant par ailleurs l’affichage « tourisme durable »…, et nous promettent le monde des bisounours pour 2050…
Voyez-vous, connaissant trop bien la nature humaine, malheureusement, je n’y crois pas une seule seconde !
Le groupe Téléphone a chanté « Je rêvais d’un autre monde »…
Moi aussi, c’est ce dont je rêve depuis ma jeunesse, et peut-être encore plus depuis que je me suis investi bénévolement pour tenter de faire connaître le véritable tourisme responsable !
Copyright photos : Jean-Pierre Lamic (Santorin - Messine - Santa Cruz de Tenerife) et catalogues promotionnels...
≠Greenwashing - ≠Surtourisme - ≠EmploisPrecaires - ≠Croisiéristes -≠LapresCovid19 ≠LeTourismeDapres
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Le gage pour que la liberté d’expression puisse continuer d’exister, tout comme le Média du voyage durable, passe donc immanquablement par une participation, même minime des lecteurs qui profitent d’écrits libres de toute influence…
Alors, merci à tous ceux qui soutiendront ce travail d'information.
Voici le lien vers notre cagnotte en ligne
Et ici l’article qui vous en dit plus à ce sujet…
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