Un sondage IFOP a été réalisé en ligne du 17 au 18 mars dernier.
Il commence à alimenter divers articles de la presse nationale…
Or la première question posée par l’institut, à laquelle se réfèrent de préférence ces médias, semble être totalement infondée !
1ère question : « Dans le cadre d’un prochain voyage, afin de voyager de manière responsable et respectueuse de l’environnement, êtes-vous prêt à payer plus cher… ? ».
Pourquoi faudrait-il payer plus cher pour voyager de manière responsable et respectueuse ?, ce que suggère cette question « orientée »…
1er cas :
Une personne décide de voyager moins loin de chez elle, par exemple en France…
Conséquence : elle épargne le coût du transport aérien ou d’un voyage en voiture en Europe !
Avec la différence, elle pourra s’offrir des services de qualité dans une maison d’hôte, des yourtes, des hébergements atypiques, etc., ou des activités récréatives ou culturelles…
2ème cas :
Une famille décide de privilégier un hébergement vertueux plutôt qu’une résidence hôtelière, un Club, ou un Resort…
Dans ma vallée de la Tarentaise, depuis 20 ans, on n’a construit que ce dernier type d’hébergements…
Même en plein été, alors que plus de 60% des lits sont inoccupés (lits froids), voici ce que coûte un séjour en famille d’une semaine au Club Med, avec pour activités principales la randonnée et le VTT :
Pour une famille composée de deux adultes et deux enfants de 11 et 7 ans, la semaine du 30 juin au 7 juillet (l’une des plus creuses d’un été traditionnel) revient à 3 686 euros, hors transport…
Ci-dessous, voici ce que coûterait un séjour identique (enfin pas tout à fait…) , sur la base des tarifs que je pratique moi-même et qui sont ceux des accompagnateurs en montagne et gérants de maisons d’hôtes :
Hébergement pour 4 personnes pour une semaine : 650 euros la semaine du 30 juin au 7 juillet, petit déjeuner compris, espace privatisé.
Semaine de randonnée sur la base de 4 personnes adapté au niveau du plus faible : 960 euros, incluant les divers transferts.
Comme pour l’hébergement, ce dernier tarif serait le même pour 6 personnes…
Pique-niques (optionnels) : 224 euros
Dîners (optionnels) : 360 euros - Il est possible de cuisiner par soi-même et d’économiser sur ces postes de dépenses.
Coût total du séjour : 2 194 euros
Notre famille de 4 personnes aura réalisé une économie de plus de 1 500 euros, consommé des produits du terroir, disposé d’un service « à la carte » personnalisé, dans un lieu de vie atypique en pleine montagne.
Pour 6 personnes, le gain serait encore bien plus important…
Chez moi, elle n’aura consommé que de l énergie solaire, et utilisé de l’eau de source…
En termes d’expérience, nul doute que celle-ci aura beaucoup plus marqué les esprits, notamment ceux des enfants, qu’un séjour en « Resort ».
Quant à la piscine : elle aura été avantageusement remplacée par des pique-niques et jeux au bord de rivières de montagne…, rendus possibles par le fait que nous serons partis à la journée et ne reviendrons pas manger au buffet le midi…
Notons que d’autres hôtels-clubs ne proposent pas d’activités incluses, ce qui oblige à ajouter les prestations d’opérateurs divers et variés tous les jours, sans que le choix effectué puisse être réalisable au moment voulu !, et sans que l’on puisse réellement déterminer le budget à prévoir à l’heure de réserver son séjour…
Avec ce simple exemple tiré de chiffres réels, tout un chacun peut constater que l’on peut voyager de manière vertueuse à moindre coût en rapport avec l’offre « classique » provenant d’un tourisme standardisé.
3ème cas :
Une personne souhaite voyager avec un Tour-opérateur :
Par le fait qu’un voyagiste de taille artisanale a beaucoup moins de frais (salaires, brochures, locaux, etc.) qu’un Tour-opérateur classique, voire « d’aventure »…, les tarifs des opérateurs de petite taille, parmi lesquels se trouvent les plus vertueux, sont évidemment moins onéreux…
Un voyagiste de taille industrielle budgète a minima 20 % de marges pour lui-même.
Son ou ses sous-traitant(s) applique (nt) parfois autant de marges sur les tarifs des services et produits composant un forfait touristique…
Une structure de taille artisanale budgète simplement ses frais…, ce qui représente généralement 10% environ, et si elle se veut responsable, elle ne sous-traitera pas ses séjours, mais les élaborera en partenariat avec des guides locaux ou de petites agences du territoire… qu’elle rémunérera au juste prix.
Pour exemples : voici divers tarifs par personne en tout compris (hors boissons) pour une personne et une durée d’une semaine avec un voyagiste de taille artisanale :
- Traversée du Larzac en randonnée : 520 €
- Séjour Parc Naturel Régional Préalpes d'Azur : 645 €
- Raid multi-activités entre Causse Méjean et Gorges du Tarn (location de VTT incluse) : 710 €
- Tour de la Clarée, Mont Thabor : 715 €
- Grande randonnée du Cap Corse : 898 €
- La Corse au cœur et en chœur : Randonnées et Polyphonies Corses en Balagne (8 jours) : 1 040 €
- Voile & randonnées en Corse : Criques, falaises et sentiers cachés : 1 190 €
Et pour mieux comprendre la différence entre voyagistes industriels et petites structures gérées par des spécialistes :
Artisan :
- Sicile : 10 jours : 999 €
Voyagiste de taille industrielle : Sicile : 8 jours : en moyenne : 1 300 € - nous avons même trouvé un circuit en 12 jours à plus de 2 000 euros…
Week-ends et courts séjours :
Avec une structure artisanale, il est possible de s’offrir un week-end gourmand en chalet d’alpage pour 139 € ; 2 jours de randonnée avec des ânes en Belgique pour 160 € ; 3 jours de randonnée aquatique dans les Cévennes pour 220€, etc.
Par ailleurs, après déduction fiscale, un séjour en faveur de la biodiversité, effectué dans le cadre d'une mission d'écovolontariat, revient à 476 euros pour une durée d'une semaine en France à bord d'un voilier...
Tous les exemples de prix ci-dessus sont tirés du site vve-ecotourisme.com.
Conclusion :
Poser comme postulat de départ qu’un voyage plus vertueux coûte obligatoirement plus cher qu’un séjour proposé par le tourisme classique se trouve être dans la plupart des cas une information erronée.
Malheureusement cette communication reprise à l’envi par des médias ne connaissant pas ce secteur d’activité nuit gravement à son développement.
En effet, comme pour tout voyage, le facteur prix demeure le principal attrait ou repoussoir pour le consommateur ou participant potentiel à un séjour.
Les questions secondaires, posées dans le cadre de ce sondage, ne viennent qu’après, loin derrière la problématique liée aux tarifs.
Nous les commenterons dans un second article à venir…
Par conséquent, connaître le pourcentage de Français (44% selon IFOP) qui accepteraient de payer plus cher un voyage responsable ne sert à rien…, sinon à faire croire à tort qu’un séjour éco-responsable est obligatoirement plus onéreux qu’un séjour traditionnel…
Évidemment, en pleine crise liée à la Covid19, les structures artisanales qui mettent en œuvre un tel tourisme alternatif depuis longtemps se seraient volontiers passées d’une telle contre-publicité !
Car par manque de trésorerie, ce sont évidemment les premières à être impactées…
Pour vous en convaincre, lisez cet article.
Copyright photos : Rima Chatt, Languedoc Nature, Emotion Planet, Jean-Pierre Lamic
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